L’ E g l i s e     O r t h o d o x e   R u s s e   d e   B i a r r i t z

 

 Historique

C’est au cours des années 1860 que Biarritz connaît un réel engouement de la part des Russes ! Toute l’aristocratie russe descend à l’hôtel des Ambassadeurs pour rendre visite au couple impérial à la villa Eugénie. L’alliance franco-russe d’août 1892 conclue par Alexandre III avec la France républicaine ne fait qu’accroître singulièrement le mouvement, au point que l’on n’hésite pas à dire que nombre d’aristocrates russes considèrent leur pays comme la source de leurs revenus…

Et Biarritz comme la villégiature idéale pour les dépenser !

L’importance de la colonie russe fait bientôt apparaître la nécessité d’un lieu de culte orthodoxe. Celui-ci est d’abord installé dans un salon de la Villa Eugénie récemment achetée par la Société de Banque Parisienne. Elle est décorée d’une iconostase commandée à Saint Pétersbourg et la première liturgie est célébrée pour la saison 1887.

Il a fallu auparavant la bénédiction des autorités spirituelles russes. La colonie russe s’engage, pour sa part, à assurer matériellement le fonctionnement de la chapelle, et à subvenir aux besoins du clergé, la desservant sans demander  de subvention au gouvernement russe.

Cependant, le caractère précaire de cet accommodement apparaît bien vite lorsqu’ est connu le projet formé par la Société de Banque Parisienne de transformer en hôtel la Villa Eugénie. Par ailleurs, l’église russe de Pau traverse de graves difficultés matérielles.

Cette situation fait donc envisager la construction d’une véritable église au comité « ad hoc », délégué par la colonie russe.

Accélérant le versement des dons des fidèles , c’est encore à la Société de Banque Parisienne que sont achetés, en 1889, les 1000 m2. La construction, confiée à l’architecte Tisnés et à l’entreprise Denis Cousin, peut commencer, non sans une intervention personnelle de l’empereur Alexandre III auprès du gouvernement français.

Car les effets du combisme se faisaient déjà sentir, et l’Alliance franco-russe connaissait des détracteurs, parmi lesquels un jeune député du Var nommé…Clémenceau ! Le futur « Père La Victoire » n’avait pas encore prévu le poids du sacrifice des troupes russes sur le front oriental en 1914, empêchant les Allemands de prendre Paris et permettant l’épisode légendaire des taxis de la Marne.

C’est le 13 octobre 1890, que la première pierre est posée devant une forte assistance dont le maire de Biarritz, et son conseil municipal. L’appel du Comité fait affluer les dons des fidèles, résidents de Biarritz ou souscripteurs de Saint-Pertersbourg, certains en nature, notamment des œuvres offertes par des peintres russes de grand renom, Maïakowsky et Aïvasovski.

Enfin le 25 septembre 1892, un cortège solennel précédé des étendards et des saintes icônes fait le tour de la nouvelle église et la consacre à la « Protection » de la Mère de Dieu et à Saint Alexandre Newsky ». Il est conduit par l’archiprêtre Vassiliev, aumônier de l’ambassade Impériale et le hiéromoine Hérodion, chapelain de la colonie russe de Biarritz qui voient ainsi aboutir leurs patients efforts : treize longues années de démarches et  la constitution d’un budget de 150 000 F, somme considérable pour l’époque.

Pour un temps radieux, l’importante colonie russe est réunie autour de Son Altesse Impériale, le duc Georges Maximilianovitch et des autorités de Biarritz. Un télégramme ainsi conçu est envoyé à l’empereur de Russie par le duc de Leuchtenberg : « les russes réunis à Biarritz, l’Ambassadeur de Votre Majesté en tête, ainsi que les représentants des autorités  françaises me chargent de déposer aux pieds de Votre Majesté à l’occasion de la consécration de l’église orthodoxe à Biarritz l’humble hommage de leur profonde gratitude pour la haute protection gracieusement accordée par Votre Majesté à cette œuvre pieuse et patriotique ». Alexandre III répond ainsi :

« Suis très touché des sentiments dont vous vous faîtes l’interprète des russes réunis à Biarritz, ainsi que des représentants des autorités françaises, et très heureux aussi de savoir l’église orthodoxe achevée.

La nouvelle église ne peut contenir la foule qui se presse sur les marches et autour du bâtiment. Après les nombreux toasts levés au cours du banquet qui suit à l’hôtel Continental, la sympathie et l’amitié franco-russe peuvent encore exprimer au cours d’une « fête de nuit » et d’un magnifique feu d’artifice organisés par la ville de Biarritz, ponctués par des « Vive la Russie » et les mesures de ‘hymne impérial « Dieu sauve le tsar ».

Extrait du livre  "La tournée des Grands-Duc, les russes sur la Côte Atlantique" d'Alexandre de La Cerda -  Ed. Atlantica